Portraits Véyé Lavi'w

La magie de la rencontre.
C’est comme cela que je décrirais cette série

Lorsque l’on m’a demandé un reportage photographique sur les gens qui animent les Pitts j’ignorais sous quel angle j’aborderais le sujet.
Je connaissais l’existence des Pitt, leur localité, la pratique, a travers des articles et reportages divers sans jamais y être allé.
J’ai assisté donc à plusieurs séances (combat de coqs) et là, pour moi ce fut une expérience hors du commun.
La plupart des gens à qui l’on pose la question, à savoir leur sentiment à propos des combat de coqs répondent généralement en qualifiant cette pratique de «barbare, violente…etc.
Pour moi ce fut tout autre chose. Ni la curiosité ni l’appréhension ne m’animent à ce moment là, mai une émotion grande.  
Je découvrais des visages. Des visages vieux des visages un peu plus jeunes voir même très jeunes, des visages de joueurs, des visages masculins, des visages féminins. Je découvrais aussi des expressions de visages, tendus, fixes, inquiets, songeurs …etc., des gagnants des perdants des sans opinion, des expressions de passion, …etc.  
Je découvrais aussi des gens. Des gens précieux, élégants dans leur habits, d’autre moins. Des gens qui semble avoir des moyens financiers relativement correctes et qui parient des sommes importantes et d’autre moins mais toujours dans l’esprits du jeux., à croire que les somme mises en jeux n’ont aucun espèce d’importance sur le moment mais témoignent de l’importance que l’on accorde à la qualité de l’éleveur, du soigneur, ou de l’écurie d’où vient le coq.  
Il y a aussi des gestes. Des gestes de mains qui expriment une surenchère probablement sur les sommes mises en jeux. Des gestes dirigés vers les combattants, qui semblent être des signes de superstition qui semblent invoquer un esprit quelconque, supplié de venir en aide au combattant désigné. je me rends compte que les combats  ne se passent pas seulement  dans l’arène, mai aussi dans les gradins.  
Là je redécouvre aussi des valeurs, les sommes mises en jeux ne sont ni notés ni enregistrées et aucune réclamations ne se fait entendre à la redistribution des gains, la confiance, l’honnêteté se fait rigueur, malgré les affrontements verbaux ou moqueries lancées mutuellement entre joueurs ou défenseur de telle ou telle écurie. Dans une société ou le rapport de force est norme, ou le rapport à l’argent ne laisse plus place à des valeurs morales, Le Pitt lui me dévoile un tout autre visage. Cela me donne le sentiment que l’ambiance du Pitt n’est que prétexte, une échappatoire à une société préalablement organisée par d’autres , et un lieux ou l’on préserve, ou l’on transmet et cultive certaine valeurs ou pratiques, dans une organisation qui repose sur le simple échange des individus. Ce lieux devient magie, mais pas uniquement, et c’est toute une région, tout un ensemble d’hommes et de femmes, qui lorsque l’on prend véritablement le temps de regarder, nous donne à penser qu’il y a, ce que j’appellerais un espoir.  
Comment retranscrire cette rencontre à travers une série de portraits. Comment rendre hommage à ces personnes qui me donnent à me réapproprier  des sentiments qui  jusque là me semblaient perdus. 
Les yeux de société nouvelle, renvoient la pratique du combat de coqs à une image plutôt dégradante, associée à la violence.        
Mettre ces personnes que j’allais photographier hors du contexte du Pitt, m’a semblé capital. 
Le lieu :  le lieu de vie des personnes photographiées ou environnement proche. Lieu, que chacun d’entre nous pourrait connaître, mais pas forcément reconnu à un moment bien précis. 
Le geste : Photographiés en compagnie de leur coq de manière systématique, un geste révèle une attitude toujours protectrice des personnages envers leurs coqs, observée lors des séance de Pitt.  Là est la délicatesse du geste 
L’attitude : Toujours fière, exprimant simplement le sentiment et la beauté d’être. 
La mise en scène : Je n’ai pas rencontré au préalable les personnes que j’allais photographier, et encore moins préparé un repérage des lieux. Le choix du moment de la journée,  « fin d’après midi début de soirée » me laisse peu de temps à l’organisation de la mise en scène délibérée. Elle repose sur l’échange furtif lors de la rencontre, les anecdotes, ou habitudes de chacun des éleveurs, soigneurs, propriétaires de Pitt, ou amateurs photographiés.  
La mise en lumière tente de rendre aussi magique qu’intense la rencontre que j’ai eu avec ces personnes qui animent le Pitt en Martinique. 
C’est cela que j’appelle «La magie de la rencontre». 

R. CHARLOTTE .

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